Une exploration des différentes propositions économiques qui sont actuellement avancées pour répondre aux défis environnementaux, sociaux et économiques de notre temps. Partie 4/4

Dans les articles précédents, nous avons examiné l‘économie de la croissance et les propositions qui tentent de transcender son idéologie. Nous avons accordé une attention particulière à l’approche comptable, avec différentes propositions visant à réorganiser l’économie sans pour autant remettre en question la croissance économique. Dans cette section, nous aborderons les propositions économiques axées sur la création monétaire, qu’elle soit directe ou indirecte. Nous examinerons leurs différences et la manière dont certaines d’entre elles sont conçues pour résoudre les problèmes environnementaux. Enfin, cet article clôt cette série d’articles. Il ouvre la voie à une discussion qui appelle à l’établissement et au partage d‘un constat scientifique sur l’état biophysique de notre système Terre et la dimension sociétale d’une transition.


Crytomonaie, Cryptoactif

Bien qu’elles ne soient pas directement liées à des propositions de résolution environnementale, les cryptomonnaies demeurent intéressantes à connaître. Ce sont des devises apparues sur internet sans réglementation qui servent d’intermédiaires d’échange sans pour autant être garanties.

Elles reposent donc sur une confiance dans le système algorithmique et les moyens d’existence de l’organisation qui les porte et les fait fonctionner (électricité, informatique, etc.). La plus connue est le Bitcoin, introduit en 2009, bien que le concept de cryptomonnaie date de 19891.

Les cryptomonnaies suscitent un débat important sur leur impact environnemental. En effet, le processus de « minage » de ces monnaies, qui consiste à valider les transactions en résolvant des équations mathématiques complexes, nécessite une quantité considérable d’énergie. Selon certaines études, l’empreinte carbone du Bitcoin serait équivalente à celle d’un pays comme l’Argentine ou la Norvège2. De plus, l’extraction des métaux rares nécessaires à la fabrication des équipements informatiques nécessaires au « minage » a un impact environnemental significatif.

Il est donc important de considérer les implications environnementales des cryptomonnaies dans les débats sur les innovations financières et technologiques.


Stablecoin

Les Stablecoins constituent une alternative intéressante pour éviter la volatilité des marchés financiers en répliquant la valeur de devises telles que l’or, le dollar ou l’euro. Par exemple, le protocole Ethereum garantit la valeur de certains actifs à partir d’un panier de devises.

Cependant, ces devises cryptographiques sont utilisées dans un cadre économique qui ne prend pas en compte les enjeux environnementaux. Bien qu’elles soient indépendantes des institutions bancaires, leur réglementation est controversée sur le plan législatif. De grandes entreprises, notamment dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, s’y intéressent de près. Facebook a ainsi participé à la mise en place du projet LIBRA, devenu DIEM en 2020, qui a regroupé une centaine d’entreprises membres avant d’être suspendu temporairement. Les Stablecoins font face à une forte résistance des institutions publiques, tandis que les consommateurs manifestent un grand intérêt pour ce type de valeur économique.


La monnaie numérique des banques centrales (MNBC)

Les banques centrales du monde entier développent des projets de monnaie numérique pour répondre à la demande croissante d’utilisation de ce moyen de paiement. La monnaie numérique des banques centrales (MNBC) est une forme numérique de la monnaie fiduciaire, qui repose sur une valeur fictive basée sur la confiance en son émetteur.

Contrairement aux autres cryptomonnaies, l’anonymat n’est pas un élément de la MNBC. Ces monnaies peuvent être de deux natures, soit de gros ou de détail, destinées exclusivement aux banques commerciales pour les échanges interbancaires avec les banques centrales, soit pour les particuliers comme les ménages ou les entreprises. Actuellement, la plupart des projets de MNBC sont encore en phase de test.

Ces monnaies numériques peuvent prendre différentes formes, par exemple être regroupées dans un portefeuille numérique de compte directement auprès des banques centrales ou auprès des banques commerciales. Selon la BCE, un projet de monnaie numérique se développe pour répondre à la demande croissante de moyens de paiement électroniques sûrs et fiables. La monnaie numérique émise par la banque centrale serait un point d’ancrage de stabilité pour les systèmes monétaires et de paiement. Elle renforcerait également la souveraineté monétaire de la zone euro et favoriserait la concurrence et l’efficacité dans le secteur européen des paiements.

Il est important de noter que malgré le fait que ces monnaies ne soient pas encore toutes opérationnelles, certaines soulèvent des questions sur la centralisation de ces monnaies et l’absence de contrôle public, notamment en lien avec les traités européens sur la banque centrale européenne. En outre, ces monnaies numériques des banques centrales ne proposent pas directement de solutions environnementales, mais elles pourraient théoriquement contribuer à limiter leur empreinte carbone en tant que système de paiement. Par exemple, des cartes de crédit sont actuellement développées et testées, intégrant l’empreinte carbone des produits achetés, permettant ainsi de rejeter les paiements au-delà d’un certain seuil de carbone3.


 100% monnaie

Depuis les travaux d’Irving Fisher en 19354, le concept de 100% monnaie repose sur la réorganisation du système bancaire. Il propose la séparation des banques de dépôt et des banques commerciales afin de garantir la liquidité en dissociant la monnaie des prêts bancaires. Sous cette approche, l’Etat deviendrait l’émetteur exclusif de la monnaie, ce qui transformerait l’activité des banques commerciales de créditeurs en prêteurs.

En détenant l’intégralité de leur crédit en monnaie, les banques commerciales seraient tenues de respecter une symétrie de liquidité entre leurs crédits et l’émission monétaire de l’État, permettant ainsi de limiter l’inflation.

Cette idée est défendue par l’ONG Positive Money depuis 20105, The Plan Chicago revisité6 et l’initiative citoyenne suisse de 20167. Bien qu’elle ne soit pas directement liée à une résolution environnementale, le concept de 100% monnaie pourrait réduire l’activité économique nécessaire pour rembourser les dettes et ainsi libérer des fonds pour financer la transition écologique. Cependant, cette approche reste controversée et suscite des débats sur sa faisabilité et son efficacité.


Théorie monétaire moderne (TMM)

La Théorie Monétaire Moderne (TMM) est à la fois une théorie économique descriptive et normative qui vise à réorganiser le pouvoir monétaire en créant un monopole d’État sur sa devise. Contrairement aux approches économiques traditionnelles qui reposent sur la théorie quantitative de la monnaie, la TMM affirme que la monnaie n’est pas une simple marchandise, mais plutôt une créance de l’État sur ses citoyens.

Les banques centrales, dans cette approche, sont dépendantes de la volonté politique, et le pouvoir monétaire s’exerce par le principe de taxation qui conduit les agents économiques à s’acquitter en devise légale auprès de l’État8. En conséquence, tous les agents économiques sont incités à rechercher cette même devise dans leurs activités économiques, notamment lors de la vente de biens et services.

Bien que la TMM ne soit pas directement liée aux enjeux environnementaux, elle offre une perspective intéressante en matière de réorientation de l’économie. En effet, en réorganisant le pouvoir monétaire et en créant un monopole d’État sur sa devise, la TMM permettrait de mieux orienter les investissements publics vers des projets de transition écologique, tout en limitant la spéculation financière et en favorisant une utilisation plus efficace des ressources disponibles. Ainsi, même si elle ne constitue pas une proposition économique directement liée à l’environnement, la TMM pourrait avoir des impacts significatifs sur la manière dont nous pensons et gérons nos activités économiques.


L’hélicoptère monétaire

L’hélicoptère monétaire est une approche de politique monétaire axée sur les banques centrales. Cette théorie repose sur la distribution directe de la monnaie créée par les banques centrales aux citoyens, selon la métaphore originale proposée par Friedman en 19699.

 Bien que cette pratique pourrait susciter une certaine épargne, une grande partie de cette nouvelle masse monétaire serait injectée dans l’économie réelle afin de stimuler la croissance économique.

Il est important de souligner que l’hélicoptère monétaire n’est pas directement lié à la résolution des problèmes environnementaux. Toutefois, cette approche peut être considérée comme un outil potentiel pour favoriser l’investissement dans des projets écologiques. Par exemple, en ciblant la distribution de la monnaie directement vers des projets liés à la transition écologique, les banques centrales pourraient contribuer à accélérer le processus de changement vers une économie plus verte. Cependant, cette approche doit être considérée avec prudence, car elle peut également entraîner, selon les économistes monétaristes, des effets inflationnistes si elle est mal gérée.


Le Drone monétaire

Le drone monétaire est une approche de politique monétaire qui repose sur le même principe que l’hélicoptère monétaire. La différence réside dans le volume de monnaie créée et l’utilisation de la technologie des monnaies numériques pour des raisons pratiques.

Cette politique vise à stimuler la croissance économique en distribuant de la monnaie créée par les banques centrales aux citoyens. Cette monnaie est utilisée dans l’économie réelle, bien qu’une partie puisse être épargnée. La technologie des monnaies numériques facilite la distribution de cette monnaie aux citoyens de manière rapide et efficace. Bien que cette politique ne soit pas directement liée à des problématiques environnementales, puisqu’elle est pensée pour stimuler la croissance,  elle pourrait contribuer à financer des projets de transition écologique grâce à un fléchage vers des projets de régénération écologique. C’est d’ailleurs l’une des propositions de l’institut Veblen10 .


La création monétaire libre au service de la reconstruction écologique

La proposition de l’Institut Rousseau11 vise à créer une monnaie libre de contrepartie, sans dette ni actif12, pour financer la transition écologique.

Cette idée est développée dans une note d’ensemble qui prévoit une distribution de la monnaie selon plusieurs critères, administrée comme un bien commun et de manière démocratique. Cependant, la modification de l’article 123 du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) ainsi que de son protocole N°4 est nécessaire pour que cette proposition devienne réalité sur le plan législatif.

Cette proposition est intéressante car elle montre que la monnaie n’est ni divine, ni immuable, mais plutôt le résultat de choix idéologiques et politiques. Elle fait partie d’un mouvement plus large qui remet en question les fondements du système économique actuel et cherche à promouvoir des alternatives plus durables et justes sur le plan environnemental et social.


Politique monétaire et QE

Faire le choix d’ajouter à cet article le sujet de la politique monétaire qui n’est aucunement et directement bénéfique à l’environnement vise à montrer que, dans certains contextes, les banques centrales peuvent faire preuve d’adaptation. Peut-être qu’un jour elles le feront également pour la transition écologique.

Dans la plupart des zones économiques du monde, le fonctionnement est sensiblement le même. En zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) est l’organisation indépendante chargée de conduire la politique monétaire selon le Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

 La stabilité des prix est la principale caractéristique d’analyse et d’action de la BCE, dont l’objectif fondamental est de favoriser le développement du commerce, de l’industrie et de la croissance économique dans une économie de marché libéralisée.

Le système bancaire s’organise sur deux niveaux. Le premier niveau est celui de la banque centrale13, qui est la banque des banques14. Elle fournit les liquidités nécessaires aux paiements interbancaires et agit également en tant que créditeur de dernier ressort du secteur bancaire en cas de crise. La BCE a une mission de contrôle.

Au deuxième niveau, les banques privées remplissent un double rôle, celui de créditeur et de fournisseur d’instruments de paiement et de circulation de la monnaie. En tant que créditeurs, les banques commerciales créent de la monnaie à destination des ménages, des entreprises et du secteur public. Avec les accords de Bâle, le secteur bancaire doit suivre une réglementation qui le conduit à détenir des liquidités afin d’assurer, en fonds propres, la stabilité du système financier. Néanmoins, les accords de Bâle 3 ne sont pas encore pleinement respectés15.

La BCE intervient auprès des banques en manque de liquidité afin de les approvisionner en fonction de son taux directeur, lui-même déterminé par le niveau des prix et la croissance économique. Dans ce système, deux types de monnaies coexistent et sont en circulation : la monnaie de la banque centrale, qui a cours légal, et les autres monnaies privées des banques commerciales. Ces dernières sont chacune adossées à la monnaie centrale par convention. Celle-ci se base uniquement sur le potentiel d’acquittement en monnaie centrale des banques privées grâce à la possibilité pour elles-mêmes de se fournir auprès de la BCE en liquidité fiduciaire et scripturale.

La banque centrale, selon les circonstances, peut avoir recours à une série d’outils dits « non conventionnels ». Depuis la crise des subprimes de 2007-2008, la crise des dettes souveraines de la zone euro en 2010, puis la pandémie de Covid-19 en 2020, la BCE a adopté plusieurs mesures exceptionnelles. Toutefois, il convient de noter que ce programme est fortement ralenti en raison de l’inflation généralisée qui sévit dans la zone Euro depuis fin 2021.Le refinancement à plus long terme du secteur bancaire avec des taux d’intérêt nuls ou négatifs est accessible à toutes les banques16. Le rachat d’actifs par la BCE, appelé « assouplissement quantitatif (Quantitative Easing, QE) consiste à garantir et à fournir des liquidités dans l’économie afin de stimuler la confiance et la croissance économique. Cela se traduit par une baisse des taux d’intérêt dans toute l’économie. Comme les banques centrales du Japon, des États-Unis, de la Suède et du Royaume-Uni, plusieurs programmes ont acheté massivement des actifs en zone Euro. Cette pratique est exceptionnelle et répond ponctuellement à un besoin de l’économie17. Elle crée de la monnaie qui est injectée dans l’économie. La banque centrale achète mécaniquement des actifs sur les marchés financiers qui répondent à des critères d’éligibilité. Cela conduit à une augmentation de la demande et pousse ainsi leurs valeurs à la hausse.

Les actifs financiers qui sont visés par les programmes de rachat sont certains d’être remboursés. De fait, leur taux d’intérêt devient très bas, ce qui amène les investisseurs, notamment les banques commerciales, à préférer créditer les entreprises ou les particuliers. Dans ce sens, l’économie réelle serait stimulée. Toutefois, rien ne garantit que les investisseurs et les banques n’achèteront pas également des produits financiers.

Actuellement, les banques centrales adoptent une politique inverse en augmentant les taux directeurs et en rendant ainsi l’accès à la monnaie plus coûteux. Elles espèrent ainsi équilibrer la demande de consommation sur l’offre de la production.


Discussion

En somme, toutes ces propositions dépeignent un contexte dans lequel une partie du problème se manifeste. Elles l’encadrent avec plus ou moins de sensibilité écologique, d’efficience dans la résolution des problématiques environnementales, y compris celle du climat, mais aussi, de résilience socio-économique et démocratique.

Certaines de ces propositions perpétuent l’économie actuelle en y apportant des aménagements qui se concentrent sur les gaz à effet de serre (GES), considérant que le changement climatique est la priorité à résoudre. D’autres tentent d’interagir sur la gestion des ressources et d’autres encore, envisagent l’environnement comme la somme des services écosystémiques qu’il faudrait comptabiliser. Existe-t-il une hiérarchie dans les conséquences environnementales qui font peser un péril sur le devenir de l’humanité ? 

D’autres propositions sont plus soucieuses d’apprécier l’environnement comme un ensemble tel qu’il est identifié par le prisme de lecture des limites planétaires, ce qui leur permet de mettre en évidence un panel de solutions qui peuvent sembler plus perspicaces. Car non, les neuf limites planétaires définies par le Stockholm Resilience Centre ne sont pas hiérarchisées en termes d’importance ou de priorité. Chaque limite est considérée comme essentielle pour maintenir la stabilité de notre planète et éviter un changement d’état global potentiellement catastrophique. Même si certaines limites sont plus urgentes à respecter en raison de l’ampleur de leur dépassement et de leur impact potentiel.

Il est important de noter que ces limites sont interconnectées. Par exemple, le changement climatique peut avoir un impact sur la biodiversité et l’utilisation de l’eau douce, tandis que la perte de biodiversité peut affecter le cycle du phosphore et de l’azote mais aussi, la capacité naturelle du Vivant à réguler le CO2.Par conséquent, il est crucial de gérer toutes ces limites de manière intégrée pour maintenir la stabilité de notre système terrestre. De plus, il est important de considérer que les ressources sont limitées.

Nous pouvons rechercher à optimiser leur extraction, leur utilisation, leur fin de cycle de vie mais il nous faut bien comprendre que nous exerçons une  pression sur les ressources qui sera d’autant plus accrue si nous nous trompons de problème. 


Il est également à noter que ces propositions économiques esquissent une dimension politique, avec plus ou moins de démocratie et/ou d’arbitrage politique.

L’économie organise la société, elle lui donne les moyens de s’épanouir et de se développer. Toutefois, avec l’économie capitaliste, avoir tiré les bons numéros à la naissance semble être un prérequis.

Qu’en est-il du chantage de la finance sur les politiques sociales et économiques ? Qu’en est il des inégalités et de l’injustice ? Qu’en est il de la promesse d’une société pacifiée ? Qu’en est il de l’intérêt général et de l’exercice de la liberté ? Rappelons qu’aucune science ne peut progresser sans avoir établi les lois de conservation de son domaine de spécialité et décider quelles sont les quantités réelles qui sont stables avec la progression du temps et des circonstances. Qu’en est-il de l’économie ?

Enfin, si l’économie est affaire d’idée, il est utile de se demander quels sont les moyens qui y sont affectés. Dans son livre, Édouard Morena explore le rôle des élites économiques et financières dans le débat sur le climat, mettant en évidence comment elles définissent et imposent les possibilités d’action climatique18. Il examine différentes périodes et acteurs clés, tels que les investisseurs technologiques et financiers, les acteurs du mécanisme de compensation carbone, la firme McKinsey et les experts en communication. L’auteur montre comment ces élites ont promu le capitalisme vert comme solution à la crise climatique, renforçant ainsi leur pouvoir et leurs intérêts de classe. De plus, il explore les liens entre les élites climatiques et les mouvements climat, soulignant comment ces mouvements sont canalisés et utilisés à des fins politiques par les élites.

L’ouvrage propose une réflexion stimulante sur le rôle des élites économiques et financières dans la lutte contre le changement climatique, bien que des détails sur les méthodes d’enquête de l’auteur et une approche sociologique plus approfondie pourraient enrichir l’analyse.


En conclusion, il semble urgent de recentrer le débat public sur la définition des problèmes, la capacité biophysique de notre planète Terre et la dimension sociétale d’une transition. C’est à dire,  d’allouer autant de moyens dans la résolution des problématiques de biodiversité, d’entités chimiques, de destruction de la couche d’ozone, de l’acidification des océans, des flux de phosphore et d’azote, de l’utilisation de l’eau douce, des changement d’affectation des terres, de pollution atmosphérique particulaire, de pression sur les ressources que pour le changement climatique.

Puis, il apparaît pertinent, à chaque fois que nous rencontrons une ébauche de solution, de se demander quelle est la dimension du problème qu’elle entend résoudre ? Qu’est ce qu’elle porte en elle, de l’écologie fondé sur la science ou de l’écologie politique, de l’intérêt général ou de l’intérêt privé, de l’arbitrage ou de la démocratie, quel exercice de la liberté dessine-t-elle, qu’en est il de la satisfaction des besoins fondamentaux humains. Une fois obtenu un ensemble de réponses à ce prisme de lecture, alors il devient possible de questionner la faisabilité et les moyens ou encore, la désirabilité. 

Au sein de l’ONG Ex Naturae, nous mettons en avant une solution économique novatrice qui repose sur un cadre bien défini : l’Économie Homéostatique. Notre objectif est de faire évoluer l’activité économique de manière dynamique en respectant les limites planétaires et en répondant aux besoins fondamentaux humains. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette solution, nous vous invitons à visionner notre vidéo de présentation ou à consulter notre documentation.

L’Économie Homéostatique présente plusieurs avantages, notamment la création, la distribution et la destruction monétaire, qui favorisent la co-responsabilité entre les États, les entreprises et les citoyens. Ces liens de co-responsabilité limitent les arbitrages politiques, évitant ainsi des choix cornéliens entre la préservation de la liberté individuelle dans la société et la mise en place d’un système écologique autoritaire. Les individus sont liés par les conséquences de leurs choix et de la place qu’ils souhaitent occuper dans la société.

Ce modèle économique ne place plus la croissance du PIB ou la production de biens et de services en tant qu’outils principaux de la concurrence interne ou internationale. En effet, le niveau de vie est déterminé par la capacité de la zone économique à satisfaire ses propres besoins dans le cadre des limites environnementales qui peuvent être améliorées par des projets de régénération écologique. Cela suppose également de privilégier l’entraide entre les différentes zones économiques qui ont adopté ce système économique. De plus, l’environnement est considéré comme le fondement de l’économie. Comme le préconisait Frederick Soddy19 :

“Toute richesse, en tant que forme, produit ou résultat d’un prélèvement sur un flot d’énergie disponible, consiste en formes, produits ou résultats particuliers qui permettent et valorisent la vie humaine.”

Cette vision sous-tend de mettre en exergue les raisons pour lesquelles nous agissons en tant que société et/ ou individu, ce que nous fabriquons tout comme ce que nous entreprenons.

Cependant et pour le répéter tellement cela est fondamental si nous voulons préparer l’avenir, un tel système économique dépend des moyens alloués à la recherche de nouvelles connaissances, à l’approfondissement et à l’expérimentation. Les financements publics étant souvent fléchés vers les mêmes courants de pensées économiques dominant20s, il est difficile d’espérer changer profondément nos modèles économiques et politiques en continuant à opposer les propositions économiques, à réfléchir aux problèmes en apportant les mêmes solutions qui les ont créés. Une remise en question des fondements de l’économie actuelle est nécessaire pour trouver des solutions viables et pérennes pour répondre aux défis environnementaux et sociétaux actuels.


Références :

1 – www.fr.wikipedia.org/wiki/Cryptomonnaie

2 – Are carbon offsets the key to green cryptocurrencies? Aakash Lamba, March 1, 2022, https://doi.org/10.1371/journal.pstr.0000002

3 –  Etat des lieux international des programmes de ‘carte carbone’ pour les particuliers (Europe et Etats-Unis) Sandrine ROUSSEAUX, ADEME, Mars 2009

4 – 100% monnaie, changer de système monétaire pour sauver le capitalisme, Omnia Veritas, traduction de 100% Money paru en 1935

5 – www.positivemoney.org

6 – Jaromir Benes and Michael Kumhof, août 2012 : rapport soutenant l’idée du 100 % monnaie

7 – site officiel de l’Initiative monnaie pleine texte de l’initiative 

8 –  Modern Monetary Theory, Tymoigne, Éric; Wray, L. Randall (November 2013) Levy Economics Institute of Bard College. Working Paper No. 778.

9 – « Interview with Peter Praet, Member of the Executive Board of the ECB, conducted by Ferdinando Giugliano and Tonia Mastrobuoni on 15 March 2016 and published on 18 March 2016 » : « Helicopter money is giving to the people part of the net present value of your future seigniorage, the profit you make on the future banknotes. ».

10 –  Note Veblen : Un « drone monétaire » pour remettre la politique monétaire au service de tous Emmanuel Carré & Jézabel Couppey-Soubeyran & Thomas Lebrun & Thomas Renault, 22 janvier 2020

11 –  Comment financer une politique ambitieuse de reconstruction écologique ? Gaël Giraud, Nicolas Dufrêne et Pierre Gilbert, le 25 février 2020

12 – Afin de créer de la monnaie, les banques commerciales doivent donc répondre à une demande de monnaie d’un de leurs clients, ou bien décider d’utiliser leur pouvoir de création monétaire pour acheter un actif. Ce pouvoir s’exerce donc toujours avec une contrepartie, sous forme de dettes ou d’actifs.

13 – Dans l’Union européenne, les banques centrales nationales (BCN) sont fédérées avec la banque centrale européenne (BCE) au sein du système européen de banques centrales (SEBC) dans lequel, chaque banque centrale nationale a conservé son statut juridique propre mais agit selon les orientations et les décisions de la BCE, en application du protocole n° 4 sur les statuts du SEBC et de la BCE annexé au Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

14 – Site de la Banque centrale européenne : https://www.ecb.europa.eu/explainers/tell-me-more/html/what_is_money.fr.html

15 –  Finalisation des réformes « Bâle III »  Autorité de contrôle prudentiel et de résolution – Banque de France, 16/02/2018 

16 –  MRO (« Main Refinancing Operations ») à trois mois en euros (et en dollars, grâce à des accords de swaps entre la BCE et la Fed), LTRO (« Longer-Term Refinancing Operations ») à trois ans, TLTRO (« targeted longer-term refinancing operations ») et PELTRO (« Pandemic emergency longer-term refinancing operations ») à quatre ans.

17 – Existe-t-il aujourd’hui un risque de déflation en zone euro ? Ministère de l’économie française, Facileco www.economie.gouv.fr/facileco/deflation-risque-zone-euro#

18 – Édouard Morena, Fin du monde et petits fours. Les ultra-riches face à la crise climatique https://doi.org/10.4000/lectures.60645

19 –  Richesse, richesse virtuelle et dette, la solution du paradoxe économique de frederick Soddy, traduction de Jean Paul Devos, édition Persee, 2014, p120

20 – Les débats interdits : comment la pensée unique s’est imposée en économie, Alternative économique, Janvier 2023


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